Au regard de l'enneigement, du risque d'avalanches et de la météo, nous avons changé les plans et opté pour le sud de la France.
Ce fût une excellente idée et nous nous sommes régalés.
L'équipe était solide et joyeuse et le compteur de dénivelé a pu tourner à plein régime.
Le rendez-vous était fixé à Sospel et en buvant un coup, j'ai déjà le sentiment que tout va bien se passer. Intuition qui se vérifiera au fil des jours en parcourant ces montagnes de caractère.
Au départ de Casterino le lendemain matin, l'ambiance est au beau fixe et nous nous engageons dans le vallon de Valmasque. Le passage est abrupte et l'anticipation est nécessaire sous peine d'évoluer en ski dans des pentes supérieures à 40 degrés avec une exposition maximale.
La vallée est longue et le refuge de Valmasque est enfin en vue. Il n'est pas gardé et nous le sautons pour profiter des sacs légers. C'est dommage car l'endroit est très beau, aux portes de la vallée des merveilles et de ses peintures rupestres.
Nous poursuivons l'ascension par du terrain raide et manipulations de matériel s'enchaînent.
Nous arrivons enfin au pas de la Fous et admirons le Parc du Mercantour qui nous entoure. Il fait grand beau et chaud ce qui nous a contraint à progresser lentement dans cette étuve naturelle.
Après avoir admirées les cimes alentours, nous plongeons dans le vallon de la Fous pour rejoindre le refuge de Nice. Cette construction perchée sur un promontoire rocheux est bien orientée et nous profitons de la fin d'après-midi pour faire sécher les peaux et s'installer dans notre nouveau domicile.
Christophe, le gardien des lieux, est une personne adorable, passionné par son métier et les montagnes qui l'entoure. Je partage sa vision du métier de gardien et c'est très naturellement que nous partageons le repas. De plus une connaissance commune nous lie et les conversations sont agréables.
Le lendemain, nous partons skier le couloir sud-est de la cime Peirabro. Mes partenaires de ski sont à l'aise aussi bien à la montée qu'à la descente. Antoine en profite pour faire quelques clichés dont il a le secret.
Nous croisons alors le gardien qui est venu se faire plaisir également et nous poursuivons vers le Mont Clapier et ses 3045 mètres.
La vue sur le versant italien est saisissante car sauvage et raide. De là nous admirons l'arc Alpin et le Viso si proche. La descente dans les vallons en neige transformée nous enchantera tous. C'est raide et skiant comme on aime et les sourires illuminent les visages.
Au refuge, le boucher de Belvédère nous accueille en nous offrant un coup à boire et nous comprenons que les gens sont contents de nous voir. L'accueil est exceptionnel dans tout le massif. Nous sommes dans le sud et cela se sent !!!
Nous trouvons une bonne occupation en cette fin d’après-midi en allant sur les abords du lac de la Fous pour « observer » les truites qui remontent enfin la surface.
Le vin d’orange de Christophe nous ravira à nouveau à l’apéro au coin du feu.
Le lendemain, nous partons tôt pour se rendre au Gélas. L’itinéraire chemine entre les pentes soutenues et arriver aux balcons de Gélas; nous admirons alors le chemin parcouru et le Mont Clapier qui a fière allure. Nous gravissons alors le sommet du Gélas et ses 3 143 mètres.
La vue sur le versant Nord est à nouveau saisissante et laisse augurer des courses d’arêtes aériennes et magnifiques.
La descente à ski versant ouest est douce et agréable. Arrivés à proximité du refuge de la Madone de Fenestre, nous pensons que le gardien n’est pas encore là tellement l’endroit est rempli de chamois. Mais Patrick est bien là…tout comme le gardien du refuge de Nice, on a l’impression de déjà le connaître. Comme une sensation de retrouver une vieille connaissance, d’être à l’aise avec lui.
Nous profitons de la fin d’après-midi pour se détendre au bord de la rivière et se tremper dans l’eau à 3 degrés pour appliquer la cryothérapie !!!
De retour au refuge, nous passons la soirée avec le gardien qui nous explique le fonctionnement du Parc et les problématiques pour lui d’avoir une route qui accède directement à son refuge.
Des catalans traversent également le massif mais à l’inverse de nous. Ce sont les premiers skieurs que nous voyons; finalement, nous ne sommes pas seuls dans le massif !!!!
Ce matin, c’est grasse matinée avec un petit déjeuner à 7h. Nous remontons le vallon qui mène au pas des Ladres et j’envisage déjà d’aller gravir les cimes environnantes. Nous irons à la cime ouest de Fenestre qui se trouve être en neige parfaite. Antoine en profite pour faire quelques clichés. Le pique-nique au soleil nous invite à la sieste mais il est temps de basculer vers le refuge de la cougourde qui nous attend. L’environnement change et nous remontons la forêt pour atteindre ce paradis au pied de la Cougourde. Un groupe de jeunes est là et ils font partis d’un lycée avec option montagne. Nous trouvons cela fantastique et rêvons pour nos enfants de sorties en ski de randonnée comme ils ont fait ce jour-ci.
Ces jeunes sont en formation pour passer un diplôme pour travailler en montagne et un parcours variés s’improvise sous la terrasse où nous buvons des coups. Les jeunes se démènent pour le plus grand bonheur des formateurs qui espèrent une soirée tranquille.
Pendant ce temps, nous discutons avec Charly, le gardien des lieux en période hivernale. Dans le Mercantour, certains gardiens ne sont présents que l’hiver (octobre à début juin). C’est une tradition dans le massif avant de devenir estivant et ainsi gagner plus confortablement sa vie.
Walter nous rejoint en soirée et nous conte son hiver qu’il a plus passé avec Manu qu’avec moi; la Pologne et l’Etna l’ont enchantés.
Une soirée délicieuse avec des perspectives de grand ski demain en faisant un boucle classique.
Le lendemain, le temps est beau mais certains nuages sont annonciateurs d’un changement de temps.
L’ascension de la cime de l’Agnel nous fera au petit trot et le ciel se couvre. Je décide de ne pas basculer et grand bien m’en a pris car le temps se stabilise et la neige restera toute la journée transformée en surface et nous ferons 2300 mètres de dénivelé. Un record pour tous.
Nous skions donc la cime Agnel, la cime de la Vallette Escure, la Tête de la ruine et la cime de la Malaribe. Bref, c’est fourbu que nous rejoignons le refuge où Charly est ravi de nous accueillir pour profiter de la soirée car il y a moins de monde dans son refuge.
La cougourdine, l’apéro local est des plus goûteux et nous en profitons.
Une renarde nous observe toute la soirée à la fenêtre en réclamant des victuailles.
Durant la nuit, le mauvais s’est installé et la neige est tombée au refuge. Lourde et peu skiante, nous mettons les skis vers le bas pour rejoindre la vallée et la douche salvatrice.
Nous avons conscience que ces journées de beau étaient une aubaine et une nécessité pour pouvoir franchir ces cols et pentes soutenues qu’offrent le massif du Mercantour.
Nous sommes heureux de notre parcours et savourons une pizza tant méritée à Saint-Martin-de-Vésubie. Le périple est fini mais un rendez-vous est d’ores-et-déjà pris pour l’année prochaine.
Un grand merci à Claude, Laurent, Christian et Antoine pour leur joie de vivre et leur confiance.
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